Les attaques d'Alain Finkielkraut contre Ségolène Royal

Télévision · 28 fév. 2007 à 13:29

Alain Finkielkraut à Ripostes

Dimanche 25 février, Serge Moati recevait sur son plateau de Ripostes six intellectuels pour débattre de la campagne présidentielle. Il y a deux semaines, la Une du Nouvel Observateur titrait « les intellectuels virent-ils à droite » car pour le moment, ces derniers donnent l'impression, dans leur ensemble, de s'être engagés aux côtés de Nicolas Sarkozy. Serge Moati a pourtant voulu savoir si ce ralliement est véritable ou s'il n'est qu'un simple caprice. Ainsi, trois invités ont clairement affiché leur attachement à la gauche : Philippe Sollers, Benjamin Stora et Dan Franck ; deux ont pris la parole en faveur de la droite : Alain Minc et Jean-François Kahn. Seul Alain Finkielkraut n'a cessé de réclamer son droit à la neutralité, au refus d'appartenir à un parti, pourtant son discours se résume en un objectif : réduire à néant la candidate du PS.

Une « campagne profondément romanesque »

Un seul invité, Philippe Sollers, comme à son habitude, s'est démarqué des autres en se réjouissant de cette campagne « profondément romanesque » où une « héroïne » pourrait accéder au pouvoir. Et s'adressant à Alain Finkielkraut, il déclare : « quand j'entends dire que Ségolène Royal est (...) falote, ministre falot, phallo (...), c'est là que l'on voit que vous n'êtes pas vraiment écrivain, excusez-moi d'être moins intellectuel et plus écrivain, si vous n'êtes pas sensible à ce qu'il y a d'émotionnel, de symbolique fort dans cette personne, la façon dont elle se conduit et qui dérange absolument la longue loi de non-participation au sommet de l'Etat d'une femme en France, alors que moi j'y suis tout à fait sensible ». Et de conclure : « cinq ans avec Sarkozy je trouve ça ennuyeux tandis que cinq ans avec Ségolène Royal je trouve que ça va être un roman particulièrement intéressant ! »

Alain Minc se montre plus circonspect : « la campagne est à l'image du pays et ce qu'il y a de populiste dans la campagne, dont l'émission de TF1 est l'expression ultime, traduit le populisme ambiant du pays ». Aujourd'hui, le débat contradictoire entre journalistes et candidats a laissé la place à des émissions consensuelles orchestrées par les Français eux-mêmes. Dan Franck n'est pas vraiment plus tendre et dénonce une campagne « nulle. C'est complètement démagogique, populiste en diable, très violente, pas forcément honnête et puis il y a un déséquilibre au niveau de la presse générale que je trouve consternante ». Il vise les médias qui favorisent sensiblement Nicolas Sarkozy au détriment de Ségolène Royal en relevant et en commentant toutes ses bévues sans en faire autant pour son rival. Ainsi l'écrivain a-t-il noté trois informations erronées du candidat UMP. D'abord, il aurait affirmé que 50% des Français gagnent le SMIC au lieu de 17%, le baril du pétrole ne serait pas à 90$ mais à 78$ et l'inflation n'atteindrait pas 24% mais 12%. Dan Franck souhaite donc plus de neutralité dans les médias, trop partisans à son goût. Il refuse l'aspect romanesque de la campagne et veut débattre sur des points précis du programme des différents candidats.

Peut-on envisager 2007 sans tirer les leçons du 21 avril 2002 ?

Alain Minc perçoit Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy comme deux rock stars qui révolutionnent le paysage politique par leur nouvelle façon de s'exprimer. Ils seront donc au second tour ; le 21 avril 2002 est révolu. Ce n'est pas l'avis de Benjamin Stora dénonçant la récupération de Blum et de Jaurès par Sarkozy. La bipolarisation fabrique l'identité française. Finkielkraut, toujours neutre à ses dires, estime que le vrai problème de cette campagne est Ségolène Royal et en particulier « sa vacuité » en ce qui concerne ses goûts culturels puisqu'elle aime aussi bien Diam's que Bach ! Ainsi, « on invente un 21 avril bis : « Sarko facho, Sarko Bush , parce que l'on a du mal avec sa propre candidate » . Enfin, Jean-François Kahn démontre que les Français détestent que les médias décident à leur place. Ainsi en 1995, tandis que Balladur et Jospin étaient favoris, les électeurs ont trouvé une troisième voie possible en la personne de Chirac. En 2002, ils ont voté à 63% pour des candidats autres que Chirac et Jospin. Il est évident selon Kahn que les Français veulent se libérer de cette bipolarisation, et espèrent à 71% que le gouvernement soit composé de politiques issus de droite et de gauche.

Les petites mesquineries d'Alain Finkielkraut à l'encontre de Ségolène Royal

Alors que le philosophe a revendiqué le droit de ne pas appartenir à un parti, il n'a cessé de déclarer ouvertement la guerre à la candidate du PS. Il a commencé par dénoncer « sa vacuité inquiétante » en matière de culture. Il a regretté également que, hormis Michel Rocard, aucun socialiste n'ait repris les idéologies de Mendès-France. Il a profité de ce temps de parole pour rapporter une citation de l'ancien Premier ministre justifiant son choix de ne pas se rallier à la candidate PS : « on ne confie pas son camion à quelqu'un qui vient d'avoir son permis voiture » et Finkielkraut de poursuivre à son propre compte : « or la France est un camion chargé de TNT ». Enfin, il remarque que la France croule sous « une avalanche de désastres : le désastre de l'école, le désastre de la langue, le désastre de la civilité » et ce n'est « pas celui ou celle qui porte haut l'étendard du relativisme culturel et du tout est égal » qui pourra y remédier ! Il a donc dépeint une femme manquant sérieusement de culture, une mère qui voudrait « infantiliser les Français ». Il souhaite donc une « politique churchillienne » qui mette fin « au bureau des pleurs ». Bien sûr, Finkielkrault ne défend aucun candidat et surtout pas Nicolas Sarkozy que la gauche a « transformé (...) en épouvantail » !

*** Liens

Article de Politique.net
- Culture : Le Pen a les larmes aux yeux avec la musique militaire, Ségolène Royal aime tout

Sur le web
- Site officiel de Ripostes
- Les candidats et la culture
- Sarkozy aime Les Bienveillantes un peu, beaucoup, à la folie...

Commentaires