Le coût des programmes de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal

Zapping radio · 14 fév. 2007 à 18:58

Olivier Duhamel sur France Culture

Olivier Duhamel, ce matin, sur France culture, est revenu sur le débat autour du coût des programmes des candidats. Il évoque les limites d'un tel chiffrage.

Les limites du chiffrage des dépenses

Selon lui, cette volonté de vouloir chiffrer ce coût présente trois limites. D'abord, son évaluation demeure imprécise. En effet, Nicolas Sarkozy, par exemple, propose de faire des économies en supprimant les régimes spéciaux. Mais il ne précise pas si cette réforme s'applique à tous les salariés qui en bénéficient actuellement ou simplement aux nouveaux embauchés. L'économie qui en résulte n'est donc pas la même selon les cas.
Ensuite, les chiffrages varient fortement lorsqu'ils sont faits par les politiques eux-mêmes. Ainsi, Julien Dray, le porte-parole de Ségolène Royal, estime à 118 milliards d'euros les dépenses du candidat UMP tandis que Nicolas Sarkozy chiffre au contraire le coût des dépenses de ses propositions à 30 milliards d'euros, soit quatre fois moins ! Cette différence provient de la prise en compte ou non de la baisse des prélèvements. En effet, en terme de dépense, les mesures du candidat UMP devraient coûter 30 milliards d'euros mais si celui-ci baisse les impôts comme il l'a annoncé, il dépenserait alors jusqu'à 118 milliards d'euros. Les experts ne sont pas non plus d'accord : Henri Sterdyniak, professeur à Dauphine, évalue à 37 milliards les dépenses de Nicolas Sarkozy tandis que Jean-Damien Pô, de l'Institut de l'entreprise, les chiffre à 50 milliards d'euros.
Enfin, on estime, selon les calculs, que le total des dépenses des deux principaux candidats est à peu près équivalent. Les analyses de la Bank of America prévoient une dépense de 35 milliards des deux côtés.

Les recettes

Olivier Duhamel pense qu'au-delà des dépenses, il faudrait s'intéresser aux recettes et surtout au choix que les élections auront à faire en matière d'économie. Ainsi, il demeure des imprécisions puisque Ségolène Royal n'a donné aucune mesure en ce qui concerne la fiscalité et Nicolas Sarkozy, qui a affirmé qu'il ne souhaitait pas remplacer un fonctionnaire sur deux, précise également que cette mesure ne concerne pas l'Education nationale, l'armée, la justice, le logement ni la recherche. Sans ces précisions, les électeurs devront comparer les engagements des deux candidats. Ainsi, à coûts identiques, préfèreront-ils l'instauration d'un soutien scolaire gratuit (proposition de Ségolène Royal) ou l'exptension des allocations familiales aux couples avec un enfant (proposition de Nicolas Sarkozy) ? De même, préfèreront-ils l'augmentation du SMIC et des bas salaires ou l'exonération d'impôt sur les heures supplémentaires ?

Deux idéologies très distinctes

Finalement, au-delà de l'estimation du coût des dépenses des deux programmes, il faut noter que deux idéologies se dessinent très clairement. La première donne la priorité au collectif, au service public, à la création de nouveaux droits et devoirs et à la dépense publique tandis que la seconde encourage l'individuel, l'initiative personnelle, l'extension du libre choix et la réduction d'impôt. Ce sont sur ces mesures et ces idées radicalement opposées que les électeurs auront à se prononcer.

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