Dans l'ouvrage collectif dirigé par Jean-Pierre Rioux intitulé Les populismes, le populisme est définit comme un courant politique dirigé par un leader charismatique et caractérisé par une critique systématique des élites et une référence constante au peuple. Le populisme oppose les élites, présentées comme un petit groupe qui ne défend que ses propres intérêts, au peuple lié par l'intérêt collectif. Jean-Marie Le Pen peut ainsi être catalogué de populiste.
Aujourd'hui, ce mot est davantage utilisé en tant qu'adjectif pour qualifier le discours ou l'attitude d'un adversaire politique. Ainsi, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy tiendraient par moment des discours populistes. Ici, le terme de "populiste" renvoie à une notion péjorative synonyme de "démagogique", c'est-à-dire qui flatte le peuple en tenant un discours simpliste.
Nicolas Sarkozy est accusé d'être populiste lorsqu'il parle d'insécurité
et qu'il veut se poser en tant que porte-parole du peuple notamment soi-disant
en utilisant le même vocabulaire. C'est ainsi qu'il a justifié l'emploi
du terme de "racaille" en octobre 2005.
Quant à Ségolène Royal, elle a été accusée
d'être populiste lorsqu'elle a proposé la création de jurys
populaires pour surveiller les élus. Ainsi, elle opposerait les élites
politiques au peuple.
Mais les deux candidats de l'UMP et du PS n'appartiennent pas à des courants
populistes dans le sens où ce ne sont pas des leaders charismatiques possédant
un programme politique fondé sur l'opposition systématique entre
peuple et les élites.
En revanche, certaines de leurs sorties médiatiques peuvent être
qualifiées de "populistes" mais ce terme est alors employé
comme synonyme de démagogique. Le passage de l'un à l'autre n'obéit
qu'à des considérations médiatiques : lancer des accusations
de plus en plus graves pour discréditer l'adversaire.
Le politologue Pierre-André Taguieff évoque cependant l'émergence d'un nouveau populisme ayant plusieurs caractéristiques. La première caractéristique de ce nouveau populisme serait le rejet de la construction européenne avec la volonté systématique d'opposer le peuple et l'élite politique. La deuxième caractéristique de ce populisme serait de dénoncer le mondialisme et de défendre la théorie du complot des puissances de l'argent contre les peuples et les nations. Enfin, l'hypermédiatisation entretiendrait une certaine forme de populisme en jouant plutôt sur le registre de l'émotion que du raisonnement politique.
- Les populismes
, Jean-Pierre Rioux (sous dir.), Paris, Tempus, 2007
- Pierre-André Taguieff, L'illusion populiste
, Paris, Champs-Flammarion,
2007
- Dictionnaire de la gauche
, Hélène Hatzfeld (sous dir.), Paris,
Larousse, 2007
- Dictionnaire de la droite
, Xavier Jardin (sous dir.), Paris, Larousse, 2007