Le Parti Radical est créé en 1901. Les Radicaux sont apparus au
XIXe siècle pour soutenir la création d'une République. Les
premiers radicaux, regroupés autour de Ledru-Rollin, ont soutenu les réformes
de la Seconde République en 1848 : suffrage universel masculin, liberté
de la presse, abolition de l'esclavage. En 1868, Léon Gambetta devient
le leader des radicaux et proclame, deux ans plus tard, la naissance de la IIIe
République à Versailles.
En juin 1901, les Radicaux créent leur propre parti politique. Au cours
de la IIIe République (1870-1940), le Parti Radical devient l'acteur central
des alliances politiques et participent à de nombreuses réformes
: loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat, création de l'impôt
sur le revenu, gratuité de l'enseignement secondaire.
Après la Première Guerre mondiale, le Parti Radical sous la direction
d'Edouard Herriot, s'allie avec les autres partis de gauche. Ils participent notamment
au gouvernement du Front populaire de Léon Blum en 1936.
Sous la IVe République (1946-1958), le Parti Radical perd une partie de
son influence, coincé entre le MRP (nouveau parti centriste) et la SFIO
(les socialistes). Malgré la présence de personnalités politiques
de premier plan au sein du parti (comme Edgar Faure), les Radicaux se trouvent
progressivement marginalisés, notamment en raison de divisions qui apparaissent
entre une branche centriste et une branche plus à gauche.
La création de la Ve République achève la marginalisation
des Radicaux qui s'étaient opposés au nouveau régime défendu
par De Gaulle. Les institutions de la Ve République favorisent la bipolarisation
de la vie politique avec un affrontement droite/gauche. La position ambiguë
du Parti Radical, tantôt à gauche, tantôt au centre, lui est
fatal. Une majorité de radicaux bascule au centre droit.
En 1971, Jean-Jacques Servan-Schreiber, prend la tête du Parti Radical pour
tenter de le sortir de la crise. Le principal problème du parti est le
flou de sa ligne politique. Une clarification est opérée en 1972
avec la scission du Parti Radical : une minorité décide de s'allier
aux socialistes au sein de l'Union de la gauche et une majorité décide
de s'ancrer au centre droit.
Mais si cette division a le mérite de la clarification politique, elle
jette le trouble un peu plus au sein des militants radicaux. Désormais,
et jusqu'à aujourd'hui, les Radicaux sont divisés en deux partis
: un parti au centre droit et un parti de centre gauche.
Officiellement, ce sont ceux qui appartiennent au centre droit qui ont gardé
l'appellation de Parti Radical. Mais pour éviter toute confusion, on les
appelle souvent "Parti Radical Valoisien" en référence
au siège national du Parti qui se situe place de Valois à Paris.
En 1978, le Parti Radical s'associe à l'UDF, puis rejoint l'UMP en 2002.
Le Parti radical est dirigé aujourd'hui par Jean-Louis Borloo et André
Rossinot.
L'aile gauche du Parti Radical, minoritaire en 1972, a donc du fonder un nouveau
parti dont le nom a très souvent évolué en raison de la querelle
avec le Parti Radical valoisien qui refusait que les dissidents prennent le nom
de Parti Radical. Les Radicaux de gauche ont donc changé plusieurs fois
de nom : Mouvement de la gauche radical-socialiste (1972), Mouvement des radicaux
de gauche (1973), Radical puis Parti Radical Socialiste (1994), Parti Radical
de Gauche (1998). Depuis 1981, les radicaux de gauche ont été présents
dans tous les gouvernements socialistes. En 2007, le Parti Radical de Gauche comptait
8 députés à l'Assemblée Nationale. Pour les élections
législatives de juin 2007, le PRG a conclu un accord avec le PS : 36 circonscriptions
électorales lui ont été réservées.
Au lendemain de la victoire de Nicolas Sarkozy, le président du PRG, Jean-Michel Baylet, a rencontré le nouveau président de la République. Il a évoqué l'ouverture de discussions avec le Parti Radical Valoisien de Jean-Louis Borloo pour tenter une réunification de ces deux partis divisés depuis 1972. Quelles sont les différences entre les deux partis ? Les principales différences se situent dans la recherche d'alliance : certains penchent à droite, d'autres à gauche. C'est le problème du centre : le centre pur ne représente rien, il y a toujours eu un centre droit ou un centre gauche. Baylet souhaiterait donc une fusion des deux partis pour créer un mouvement de centre droit, quitte à ce que les derniers républicains de gauche du PRG passent au Parti Socialiste. En 2007, le PRG comptait 8000 adhérents.
Malgré ces retournements d'alliance, les Radicaux défendent les
mêmes idées depuis des années :
1. Le renforcement du pouvoir du parlement. Avec un scrutin majoritaire, les "petits"
partis politiques ne sont pas ou peu représentés à l'Assemblée
Nationale. Les radicaux de gauche ne doivent leur présence à l'Assemblée
que grâce à leur alliance avec le PS. Les radicaux souhaitent donc
une dose de proportionnelle et un renforcement du pouvoir de contrôle du
parlement qui, ces dernières années, est devenu une simple chambre
d'enregistrement.
2. Une vision plus sociale de l'entreprise qui doit être davantage au service
de l'emploi que du profit. Cette vision sociale est partagée par les radicaux
de gauche et les radicaux de droite dont le leader, Jean-Louis Borloo, a montré
ses préoccupations sociales en tant que ministre de la Cohésion
sociale dans les gouvernements Raffarin et Villepin.
3. Une ouverture sur l'Europe même si le référendum sur la
constitution européenne a profondément divisé les radicaux
en 2005.
4. La défense des valeurs de la République et notamment la laïcité.
Pendant très longtemps, le programme politique des radicaux s'est résumé
à cette défense de la République. Les radicaux ont soutenu
la séparation de l'Eglise et de l'Etat en 1905 et sont très attachés
à la laïcité.
Les Radicaux de gauche se trouvent donc au centre gauche de l'échiquier
politique, mais leurs idées sont très proches de celles du Parti
radical Valoisien. La principale différence entre les deux se situe au
niveau des alliances électorales. Avec le faible score de la gauche aux
élections de 2007 (moins de 40%) et la nécessaire ouverture au
centre du PS, notamment vers le MoDem de François Bayrou, les Radicaux
de gauche pourraient être tentés de fusionner avec ceux de droite
pour éviter de disparaître et pour constituer un pôle radical
plus puissant qui participerait à l'ouverture politique prônée
par Nicolas Sarkozy.
- Gérard Baal, Histoire du radicalisme, La découverte, Paris, 1994
- Hélène Hatzfeld (sous la direction de), Dictionnaire de la gauche,
Larousse, Paris, 2007