Les années Pompidou
Parallèlement aux divisions au sein de la droite, la politique de Pompidou dans les derniers mois de sa présidence apparaît de plus en plus confuse au point de laisser le sentiment d'une vacance du pouvoir à un moment où, pourtant, les difficultés économiques et sociales s'accumulent. En 1973, suite au soutien d'Israël par les pays occidentaux lors de la guerre du Kippour entre les pays arabes et Israël, les pays de l'OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) c'est-à-dire les pays arabes, décident de multiplier par 4 le prix du baril du pétrole. Ce choc pétrolier a des conséquences immédiates : la hausse des coûts de production entraîne un ralentissement de la croissance et une hausse du chômage. Face à ce début de crise, les réactions de Pompidou et du gouvernement sont trop faibles et pas à la hauteur de la crise qui se profile. Quelques mesures d'économie d'énergie et de réduction d'importations pétrolières sont prises, mais ces décisions ne sont pas suffisantes pour tenter de résoudre cette crise.
Dans le même temps, les grèves et les mouvements sociaux sont réprimés par la force et la politique du gouvernement semble confuse. Ainsi, lors des grèves au sein de l'entreprise d'horlogerie LIP qui vient de déposer le bilan, des négociations menées par le ministre du développement industriel, qui étaient sur le point d'aboutir, sont brusquement interrompus par Pierre Messmer sans aucune raison. La politique du gouvernement apparaît de plus en plus approximative et incohérente si bien que la presse envisage même à l'époque une possible démission du président.
Depuis plusieurs années, Georges Pompidou est atteint d'une maladie sanguine, forme de leucémie à évolution lente, la maladie de « Waldenström ». Malgré les communiqués de presse rassurants, la maladie du président est connue de l'opinion publique depuis mars 1973. Lors de son voyage en Islande pour rencontrer le président américain Richard Nixon, il apparaît fatigué, grossé, sa démarche est hésitante et il a parfois du mal à s'exprimer.
Le 2 Avril 1974, à 22h, les médias annoncent la mort du président de la République. Bien que sa maladie soit connue de tous, l'annonce de sa mort provoque une grande émotion et ce, d'autant plus, qu'il bénéficiait d'une cote de popularité plutôt bonne, située aux alentours de 55% de satisfaits. Dès le lendemain, les tirages de la presse quotidienne explose : Le Monde tire à plus de 800 000 exemplaires, soit quasiment le double d'un tirage normal. Une fois l'émotion passée, la politique reprend ses droits et la constitution prévoit la tenue des élections moins d'un mois après la mort du président. Entre temps, l'intérim est assuré par le président du Sénat, Alain Poher. Le 5 mai 1974, de nouvelles élections présidentielles doivent donc avoir lieu.
Avec la mort de Pompidou, c'est une page de l'histoire qui se tourne : héritier du général De Gaulle, sa disparition coïncide avec le début de la crise économique et les bouleversements sociaux qui en résultent.