L'Etat verse 4 milliards d'euros par an aux syndicats : le mensonge le plus répété en période de grève

Les syndicats coûtent 4 milliards d'euros d'argent public par an. A chaque nouvelle grève, ce chiffre revient dans le débat public. Avec le blocage des raffineries par la CGT, les grèves à la SNCF ou à Air France, ces 4 milliards ont refait surface sur les réseaux sociaux. Un chiffre que l'on retrouve dans Le livre noir des syndicats, qui vient d'être publié. Un chiffre faux, comme l'a répété encore Libération. Mais d'où vient-il ? Du "rapport Péruchot", du nom de l'ancien député du Nouveau Centre, Nicolas Perruchot. Commandé par une commission d'enquête en 2011, ce rapport, intitulé "les mécanismes de financement des organisations syndicales d'employeurs et de salariés", n'a jamais été publié. Mais un exemplaire a fuité dans la presse.

Pas de subventions, mais des décharges horaires dont le coût est également assumé par les entreprises

Concrètement, dans ce rapport, un tableau résume le "financement annuel de l'activité syndicale en France". Le total affiche 3,8 à 3,9 milliards d'euros. Sauf que les syndicats ne reçoivent pas 4 milliards d'euros de subventions publiques. Le rapport Perruchot le dit lui-même : ce chiffre ne correspond pas "à proprement parler, au financement des "syndicats", mais au coût estimé de l'activité de représentation, de défense, de revendication menée par les syndicalistes". Traduction : il s'agit essentiellement des décharges horaires liées à l'activité syndicale. Il n'y a donc pas de sortie d'argent. Et ces 4 milliards ne correspondent pas forcément à de l'argent public. Presque la moitié de cette somme (1,6 milliard) provient des entreprises puisqu'il s'agit du coût estimé en décharge horaire de l'activité de représentant du personnel.

Secteur public : entre 720 millions et 1,3 milliard (estimation approximative)

Du côté du secteur public, le coût des décharges horaires est estimé à 1,5 milliard. Un chiffre fiable ? Pas sûr. Même le rapport Perruchot reconnaît qu'il faut rester prudent : "Les montants indiqués sont naturellement approximatifs et certains flux, impossibles à valoriser, ne sont pas évalués", écrit Perruchot. Et quand on sait comment ont été obtenus ces chiffres, on est encore plus prudent : cette estimation provient d'une étude portant sur seulement deux départements et varie entre 720 millions d'euros et 1,3 milliard. En clair, l'estimation varie du simple et au double et c'est bien évidemment la fourchette haute qui a été retenue pour gonfler le coût réel des syndicats.

Au milieu de ces approximations, une seule certitude : l'argent directement versé aux syndicats par le biais de subventions publiques s'élève à 175 millions d'euros. Bien loin de l'estimation du chiffre astronomique de 4 milliards.


*** Source

- Cédric Mathiot, "La fable tenace des quatre milliards d'euros d'argent public versés aux syndicats", Libération, 24.05.2016

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