Financement des partis : le micro-parti de Valérie Pécresse a collecté la somme record de 400 000 euros en 2009

L'argent du pouvoir · 8 jan. 2011 à 11:29

Micro parti de Pécresse

L'ex-candidate UMP aux régionales (et actuelle ministre de l'enseignement supérieur), Valérie Pécresse, a fait très fort ! En décembre 2008, elle a créé son micro-parti "Changer c'est possible" afin de préparer les élections régionales de 2010 en Ile-de-France. Objectif ? Remporter la primaire face à son concurrent de l'UMP, Roger Karoutchi, puis battre le socialiste Jean-Paul Huchon, président sortant de la région.

Si la création de ce parti de poche n'étonnera plus personne (tout le monde en a un à droite), celui de Valérie Pécresse à la particularité de n'avoir de micro que le nom. Car les dons obtenus en 2009 - soit un an avant l'élection - avoisinent les 400 000 euros ! Un record pour un micro-parti.


Ce chiffre, cité par Mediapart, provient du rapport de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, publié le 29 décembre 2009. A titre de comparaison, la même année, le Parti Socialiste a collecté 446 773 euros de dons, soit à peine plus que le micro-parti de Valérie Pécresse. Evidemment, tout est légal. Mais l'importance des sommes étonne. Contacté par Mediapart, le rival malheureux de Pécresse, Roger Karoutchi, n'en revient pas lui même : "390 000 euros de dons ! Ce n'est pas possible, vous devez vous tromper. A l'époque où moi-même j'avais un micro-parti, je levais 15.000 à 20.000 euros par an grâce au cercle des amis. Pas plus".


Pour justifier la création de ce micro-parti, le directeur de campagne de Pécresse, interrogé par Mediapart, explique qu'il "a été créé pour les primaires. A l'époque, on ne pouvait pas lever des fonds via l'Association de financement traditionnelle, puisque Valérie Pécresse n'était pas encore candidate. Et puis Valérie était candidate contre tout le monde: la quasi-totalité des grands élus et de l'appareil UMP soutenait Roger Karoutchi. On avait besoin de financer notre campagne des primaires". Sauf qu'une grande partie de la somme a été consacrée à la campagne en tant que telle : sur les 390 991 euros de dons déclarés, 275 215 euros ont été directement affectés à la campagne de Valérie Pécresse.

Et Mediapart de s'interroger sur la légitimité d'un tel parti pour une campagne électorale, alors que l'UMP aurait très bien pu financer Pécresse directement : "Que penser d'un parti qui tire avantage de la défiscalisation des dons, mais qui ne compte pas de salariés, pas d'élus, pas d'adhérents ?" Tant que ça ne se sait pas...


Source : Mathilde Mathieu et Michaël Hajdenberg, "Pour le parti de Pécresse, des chèques comme s'il en pleuvait", Mediapart, 6 janvier 2011



____________________________________________
RAPPEL : Selon le bon vieux principe, "tout le monde le fait alors moi aussi et de toute façon ça ne se verra pas", les politiques détournent depuis des années l'esprit de la loi sur le financement des partis politiques. Si tout est légal sur le plan juridique, personne n'est dupe sauf les citoyens qui l'ignorent : les politiques multiplient les structures et les combines pour amasser le plus d'argent possible afin de financer leur activité politique.
Dans une démocratie idéale et transparente, un parti regroupe des militants et des responsables politiques qui appartiennent au même courant d'idées et souhaitent les appliquer en remportant des élections. Comme une campagne électorale, des meetings et tout ce qui s'apparente à la vie d'une organisation ont un coût, l'Etat encadre le financement des partis afin d'éviter toute corruption : des dons plafonnés, interdiction du financement par des personnes morales (entreprises, association) et en période électorale, des dépenses très encadrées et des comptes de campagne épluchés par une autorité indépendante. Voilà pour la théorie, car dans la pratique, et malgré le vote de lois "moralisant" le financement des partis dans les années 1990, le système a été détourné en une vaste machine à cash : le nombre de partis est passé de 28 en 1990 à 295 en 2010. La presse publie de temps en temps des articles sur le sujet mais en noyant parfois les informations dans de longues synthèses qui pointent du doigt tout le monde, c'est-à-dire personne.
Autrement dit, ce type d'informations, c'est comme les claques, elles se perdent. Voilà pourquoi nous avons décidé de lancer le principe de la mini-série : nous publierons quelques lignes de temps en temps pour vous rafraîchir la mémoire et vous permettre de retrouver facilement l'information dans les archives à ciel ouvert du net
.


Episode précédent : Quand le parti radical de Jean-Louis Borloo verse des milliers d'euros à des organismes non identifiés

Commentaires