Deuxième affaire Woerth : la vente d’une parcelle de la forêt de Compiègne serait bien illégale

Revue de presse · 1er sep. 2010 à 23:02

La deuxième affaire Woerth

Décidément, Éric Woerth continue de faire parler de lui... Outre l'affaire Bettencourt qui connaît de nouveaux rebondissements, Le Canard enchaîné du 1er septembre publie une lettre compromettante de l'ancien ministre de l'Agriculture, Hervé Gaymard, prouvant que la vente d'une parcelle de la forêt de Compiègne était illégale.


Encore une nouvelle affaire qui enfonce un peu plus le ministre du Travail...

Les premières accusations du Canard le 14 juillet

Dans son édition du 14 juillet, Le Canard enchaîné dévoilait que Woerth « a bradé une parcelle de la forêt de Compiègne avec son hippodrome et son golf » à une société amie, la Société des Courses de Compiègne, six jours avant de quitter le ministère du Budget. La vente s'élève à 2,5 millions d'euros. Aussitôt, le ministère a nié les faits assurant que la cession « s'est déroulée de manière tout à fait légale et dans l'intérêt de l'État ». Et de préciser : « le droit forestier et domanial permettent la vente d'une partie d'un domaine public forestier à trois conditions ».
Le Point rappelle ainsi les trois conditions réunies dans cette transaction : « une parcelle de moins 150 hectares, l'absence d'impact écologique et qu'il ne s'agisse pas d'une exploitation forestière ».. Pourtant, contrairement aux pratiques en vigueur, cette vente s'est faite « sans enchère, ni appel d'offres » et surtout, elle ne respecterait pas la législation.

Woerth nie toute illégalité dans la transaction

Le 31 août, dans les colonnes du Figaro, Woerth apparait serein et confiant face aux accusations du Canard enchaîné : « On cherche à m'affaiblir ! Mais je ne me sens pas du tout affaibli. Durant tout l'été on a assisté à un petit jeu cherchant à révéler des soi-disant affaires, sur ma campagne municipale, sur la vente de terrains à Compiègne... Chaque fois, tout s'est dégonflé en une demi-journée. Une accumulation de rumeurs et de calomnies ne fait pas une vérité. Que des sites cherchent à faire des affaires commerciales sur mon dos ne fait pas de moi un coupable ». Outre le fait que Le Canard enchaîné n'est pas un site, le ministre du Travail est confronté à une nouvelle attaque du journal satirique qui apporte la preuve que la transaction de la forêt de Compiègne ne s'est pas faite légalement.

La lettre qui prouve l'illégalité

Le Canard s'est procuré une lettre du 13 août 2003 adressée au président de la Société des courses de Compiègne dans laquelle Hervé Gaymard, ministre de l'Agriculture, rappelait qu'une telle transaction de la forêt de Compiègne était interdite « compte tenu de la législation » qui n'a pas changé depuis. L'article 3211-5 du Code général de la propriété des personnes publiques précise que « les bois et forêts de l'État ne peuvent être aliénés qu'en vertu d'une loi ».

Sept ans plus tard, pourtant, le gouvernement a changé comme le président de la Société des Courses. Woerth, ministre du Budget, semble plus enclin à accorder cette transaction. Le nouveau ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire aurait, selon le Canard, tenté de s'opposer à cette vente dans un premier temps mais après la publication des articles compromettant du journal, aurait affirmé qu'elle avait eu lieu « en plein accord » avec son ministère.

Pour tenter de se défendre et faire taire les accusations, Woerth n'a d'autre possibilité que de rappeler que les journalistes s'attaquent de façon détournée à la réforme des retraites. Ainsi, depuis les premières révélations, le ministre du Travail martèle qu'il est innocent, et que ces « rumeurs » ne seraient qu'une « entreprise de démolition à une semaine du débat sur les retraites ». Mais si le gouvernement se montre solidaire dans son ensemble, « en privé, des ministres et élus de la majorité jugent qu'Éric Woerth n'est plus en mesure de défendre la réforme des retraites » d'après Le Point.


Par Anne-Sophie Demonchy

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