Le retour spectaculaire de François Mitterrand lors de la campagne présidentielle de 1965

Rétrospectives · 29 fév. 2008 à 15:56

Présidentielle 1965

L'affaire de l'observatoire en 1959 a mis François Mitterrand hors jeu pendant plusieurs années. C'est le général De Gaulle qui va relancer indirectement la carrière de son concurrent en annonçant que le président de la République serait désormais élu au suffrage universel direct. A partir de 1962, François Mitterrand va donc préparer sa candidature et apparaître comme le principal opposant au général De Gaulle.


François Mitterrand a eu plusieurs vies : un passé trouble pendant la guerre, une carrière de ministres sous la IVe République, 23 ans d'opposition avant devenir le premier, et pour l'instant l'unique, président de gauche de la Ve République. A cette vie professionnelle si remplie s'ajoutait une double vie personnelle et une personnalité énigmatique. Homme de lettres, souvent distant, le 4ème président de la Ve République fascine encore aujourd'hui, 12 ans après sa mort.

Politique.net publie la biographie de François Mitterrand sous la forme d'un feuilleton en 15 épisodes, du 25 février au 10 mars 2008.

5ème épisode : Le duel de la présidentielle de 1965

Mitterrand et le pouvoir

Une chance : la création du suffrage universel direct

En 1962, de Gaulle annonce aux Français que désormais le Président de la République sera élu au suffrage universel. Les électeurs comme les différents partis politiques s'insurgent contre cette réforme.
Mitterrand comprend très vite les conséquences du changement de régime : avec l'instauration d'un pouvoir présidentiel fort dans la Ve République, l'élection présidentielle devient centrale et implique une personnalisation du pouvoir. Dans cette logique, il se présente dans les médias comme le principal opposant au général De Gaulle. Ainsi, un an avant l'élection, en 1964, il publie un ouvrage intitulé Le coup d'Etat permanent dans lequel il s'en prend personnellement à la manière dont De Gaulle exerce son pouvoir.
Alors qu'il est soutenu par un petit groupe, Mitterrand profite d'une situation politique qui lui ait favorable : puisqu'une grande partie de la gauche est hostile aux nouvelles institutions, les principaux dirigeants de gauche de la IV République refusent de se présenter à l'élection de 1965. C'est le cas de Gaston Deferre, mais aussi de Guy Mollet qui n'a pas pris conscience de l'importance de l'élection et refuse d'y engager pleinement la SFIO. La voie est donc ouverte pour une candidature, qu'il annonce le 9 septembre 1965.

De Gaulle en 1962

Présidentielle 1965 : la première campagne de Mitterrand

Si le candidat a obtenu l'appui de la gauche, sa campagne demeure très artisanale. Des bénévoles et ses amis proches s'occupent de la presse, des crédits, de la communication comme du programme. Pour palier le manque d'argent, François Mitterrand a recours à son système des petits cercles, ses réseaux accumulés depuis des années et susceptibles de le soutenir.
Pour la première fois dans l'histoire de France, l'usage de la télévision permet à tous les candidats d'exprimer leurs convictions devant le plus grand nombre. Un sondage IFOP réalisé en octobre 1965 montre que la réélection de De Gaulle est assurée (66% des intentions de vote, contre seulement 23% à François Mitterrand) si bien que celui-ci décida de ne pas utiliser le temps parole qui lui est attribué à la télévision. Mais De Gaulle sous-estime le pouvoir de ce nouveau média en politique. Puisque De Gaulle ne fait aucune émission, ses opposants s'emparent de cet outil pour diffuser leurs idées. La pertinence de leurs propos et l'image d'un renouvellement du personnel politique (Mitterrand affiche sa jeunesse, à 49 ans, face à un De Gaulle vieillissant de 75 ans) bouleversent la campagne. Et l'usage des sondages permet de suivre presque en temps réel les effets de la campagne électorale. Au fur et à mesure des sondages, Mitterrand voit sa côte remontée, passant de 23% des intentions de vote à 27% à la veille du scrutin quand celle de De Gaulle passe de 66% au début de la campagne à 43% à la veille du scrutin. Contre toute attente, au soir du premier tour, de Gaulle est mis en ballottage face à François Mitterrand avec 44% des suffrages contre 32%. Au second tour, le président l'emporte avec 55% des voix.

Election de 1965




Grâce à ses scores honorables, François Mitterrand devient le leader de la gauche. Aux élections législatives de 1967, la gauche frôle la victoire. François Mitterrand en profite pour placer ses amis Roland Dumas, André Rousselet, Louis Mermaz, Georges Dayan, Claude Estier...

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