Vidéos · 9 déc. 2007 à 19:08
Chaque semaine, des documents confidentiels sont publiés dans la presse. La plupart du temps, ces fuites sont organisées par le pouvoir lui-même. Mais lorsque des documents qui ne doivent pas être publiés le sont, il semble que le pouvoir ne recule devant aucun moyen pour identifier ceux qui sont à l'origine des fuites. L'histoire de Guillaume Dasquié, journaliste mis en garde à vue pour avoir publié des documents confidentiels, reflète les dérives d'une démocratie pas si transparente.
Guillaume Dasquié a été mis en examen dans la nuit de jeudi à vendredi pour compromission du secret de la défense, soupçonné d'avoir divulgué des éléments provenant de rapports de la DGSE relatifs au terrorisme dans un article du Monde du 17 avril 2007. Dans cet article, le journaliste expliquait que les services secrets français disposaient de nombreuses informations sur la préparation d'attentats d'Al Qaida contre les Etats-Unis avant le 11 septembre 2001. Ses informations provenaient de 300 pages de documents classés "secret défense".
De tels documents n'ont pas à être publiés. Mais la plupart du temps, ces fuites sont organisées par le ministère de la défense lui-même contre des échanges de bon procédé : on lâche quelques informations aux journalistes, en contre-partie, ces journalistes couvrent des événements au profit de tel ou tel homme politique. Ces pratiques sont courantes dans le milieu du journalisme, mais sont peu connues du grand public. Par conséquent, lorsqu'un document confidentiel sort, tous les responsables politiques français et étrangers savent que cette sortie est "autorisée".
Or, s'agissant des documents publiés par Le Monde sur le 11 septembre, le ministère de la Défense n'était pas au courant et ne souhaitait pas ses fuites.
Dans l'émission de Paul Amar, Guillaume Dasquié a expliqué qu'il a subi des pressions directes de la part de responsables de la DST et de hauts fonctionnaires de justice. Le deal était clair : Guillaume Dasquié devait lâcher le nom de sa source, contrairement à l'article 109 du code pénal qui donne le droit à un journaliste de protéger sa source. Si le journaliste ne s'exécutait pas, on lui promettait plusieurs mois de prison, même si à l'arrivée, il aurait bénéficié d'un non-lieu au moment du procès.
Guillaume Dasquié a donc lâché un nom.
Voici son témoignage :