Les ministres-écrivains : quand les membres du gouvernement prennent la plume

breve · 31 mai 2007 à 18:16

Les livres politiques

Le gouvernement de François Fillon comprend 15 ministres, 5 secrétaires d'Etat et un haut commissaire. Parmi eux, 19 ont déjà publié des livres. Voici donc le classement des hommes et des femmes les plus productifs.

1. Xavier Darcos, ministre de l'Education, 8 livres

Le nouveau ministre de l'Education nationale arrive en tête des ministre-écrivains avec pas mois de 8 livres publiés. Beaucoup de ces livres traitent de son domaine de compétence, c'est-à-dire le système éducatif. Parmi ces 8 livres, on peut citer L'école de Jules Ferry (Hachette Littératures) ou l'Etat et l'Eglise.

2. Christine Boutin, ministre du logement et de la ville, 6 livres

Christine Boutin incarne une droite traditionnelle, ultra-catholique (elle était contre le PACS) et plus sociale que la moyenne (d'où son poste actuel). Mais sa spécificité est d'avoir souvent des positions différentes de sa famille politique. Pour exprimer ses convictions, elle a donc régulièrement utilisé les livres. Au total, elle a publié 6 livres dont le dernier Je ne suis pas celle que vous croyez (First Edition).

3. Bernard Kouchner et Roselyne Bachelot, 4 livres

Sur le podium, arrivent à égalité le ministre des Affaires étrangères et la ministre de la Santé, de la jeunesse et du sport. Bernard Kouchner a écrit quatre livres dont un livre d'entretien intitulé Le premier qui dit la vérité (Robert Laffont). Roselyne Bachelot en a publié autant, le dernier ayant pour titre Le combat est une fête (Robert Laffont).

Juppé et Alliot-Marie, 3 livres

Alain Juppé a notamment publié une biographie sur Montesquieu (Perrin/Grasset), un livre d'entretiens avec le directeur de Libération, Serge Julie, intitulé Entre quatre z'yeux (Grasset). Michèle Alliot-Marie a également publié 3 livres dont le dernier a pour titre l'association qu'elle a créée lorsqu'elle a envisagé de se présenter à l'élection présidentielle : Le chêne que l'on relève (Odile Jacob).

Fillon et Borloo sont moins productifs (2 livres)

L'actuel Premier ministre, François Fillon n'a publié que deux livres : Les retraites (Michalon) et La France peut supporter la vérité (Albin Michel). Jean-Louis Borloo n'en publié que deux également dont le dernier est un livre programme paru en 2007 et intitulé L'architecte et l'horloger.

Les plus jeunes et les paresseux

Valérie Pécresse, nouvelle ministre de l'Enseignement supérieur, est moins connue que les autres, ce qui, manifestement constitue un handicap dans le milieu de l'édition. Elle n'a publié qu'un livre en 2007 intitulé Etre une femme en politique, c'est pas facile ! (L'Archipel). Eric Woerth a le même problème, il a publié un seul livre, une biographie du Duc d'Aumale (L'Archipel).
Mais parmi les membres du gouvernement, il y a les paresseux. Ainsi, Xavier Bertrand, ministre du travail, s'est spécialisé dans les préfaces, textes beaucoup plus courts. Il a préfacé cinq livres. Il en est de même pour Eric Besson, qui a écrit l'avant-propos de quatre ouvrages avant de publier un best-seller Qui connaît Madame Royal ? en collaboration avec un journaliste du Nouvel Observateur.

Ministre, député, maire, écrivain

La liste de tous les livres publiés par ces hommes et ces femmes politiques peut laisser perplexe. Comment ont-ils fait pour être aussi productif malgré toutes leurs activités si prenantes ? Dans le milieu de littéraire, cela porte nom : avoir un nègre. Un nègre littéraire est un auteur qui écrit un livre à partir d'entretiens ou de notes de celui qui est censé être l'auteur du livre. Bien évidemment, le contrat étant confidentiel et la pratique secrète, on ne peut pas révéler qui est le nègre de qui et il ne faut pas exclure que certains hommes politiques soient bien l'auteur de leur ouvrage.
Toutefois, les nègres littéraires vous le diront : pour démasquer un imposteur, il faut scruter les interviews du soi-disant auteur. Si celui-ci justifie sa forte productivité par l'excuse de celui qui dort peut, 4 heures par nuit, travaille la nuit ou très tôt le matin avant de commencer une journée ministérielle de 12h, alors on est en présence d'un fossoyeur. Le milieu littéraire connaît l'excuse de l'insomniaque. Derrière l'insomniaque, se cache souvent un nègre.



*** Source
Chiffres de Livres Hebdo n°691, 25 mai 2007

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