Ingrid Betancourt : otage des FARC et sujet de discorde entre Sarkozy et Uribe

Enquête · 20 mai 2007 à 15:12

Ingrid Betancourt

Ingrid Betancourt, franco-colombienne, est otage des FARC depuis le 23 février 2002. Depuis plus de 5 ans, elle vit dans la forêt amazonienne, en Colombie, non loin de la frontière brésilienne. Après plus de 4 années sans nouvelles d'elle, un ex-otage qui s'est évadé affirme qu'elle est en vie.
48 heures après sa prise de fonction, Nicolas Sarkozy a reçu la famille d'Ingrid Betancourt et a réaffirmé que sa libération constituait une de ses priorités. Il s'est notamment entretenu avec le président colombien à ce sujet. Ce dernier vient de faire des déclarations qui suscitent une certaine inquiétude. Explications.

Ingrid Betancourt, otage depuis le 23 février 2002

En pleine campagne présidentielle en Colombie, la candidate écologiste, Ingrid Betancourt, est enlevée par les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) le 23 février 2002.
Ce jour-là, Ingrid Betancourt se rend dans une zone contrôlée par les FARC dans le cadre de sa campagne présidentielle. Dans un livre publié en 2006, Jacques Thomas explique qu'au premier barrage qu'elle a rencontré le jour de sa capture, les FARC lui ont demandé de faire demi-tour mais elle a refusé. Au deuxième barrage, les FARC se sont rendu compte qu'elle était une proie intéressante. Ils l'ont donc kidnappé.

Les FARC, une organisation terroriste

Les FARC sont une organisation créée en 1964. Branche armée du Parti Communiste Colombien à l'époque, les FARC constituent une force rebelle colombienne qui rejette le pouvoir en place. Constituée d'un peu plus de 12 000 hommes, l'organisation s'est spécialisée dans les kidnappings et le trafic de drogue pour financer ses activités. En Colombie, on estime aujourd'hui qu'environ 4000 otages sont aux mains des FARC dont une cinquantaine de personnalités politiques comme Ingrid Betancourt. Les FARC veulent échanger ces otages politiques contre 500 rebelles détenus par le pouvoir colombien. Les négociations d'échanges n'ont pour l'instant jamais abouti. Officiellement, les FARC ont été reconnues comme organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union Européenne.

Une preuve de vie après 4 années sans nouvelles

Depuis août 2003, sa famille était sans nouvelles. Mais cette semaine, un policier qui était otage des FARC depuis 8 ans et demie a réussi à s'évader après avoir marché pendant 17 jours dans la jungle. Jhon Pinchao a réussi à s'échapper et a témoigné devant la presse colombienne.
Selon ses déclarations, il a passé presque 3 ans avec un groupe d'otages dont Ingrid Betancourt faisait partie. Ingrid Betancourt était encore en vie le 28 avril 2007, jour de son évasion. L'ex-otage a également livré quelques informations sur leur vie quotidienne. Comme les autres séquestrés, elle dort enchaînée par le cou sur une paillasse faite de branches et de feuilles. Elle n'est pas abritée et se nourrit de riz, de lentilles et de haricots. Selon le policier, elle a souffert d'une hépatite mais serait guérie. Elle fait beaucoup d'exercices, écrit et écoute la radio. Ingrid Betancourt aurait tenté de s'évader à cinq reprises mais sans succès.

Nicolas Sarkozy et Alvaro Uribe sont en désaccord

Au soir de sa victoire, Nicolas Sarkozy a évoqué la captivité d'Ingrid Betancourt, otage vivant dans des conditions précaires depuis plus de 5 ans. 48 heures après son entrée à l'Elysée, il a reçu la famille d'Ingrid Betancourt pour confirmer sa volonté de la libérer le plus tôt possible. Il s'est notamment entretenu avec le président Colombien, Alvaro Uribe. Elu en 2002, il a été reconduit en 2006 avec 62% des voix lors de l'élection présidentielle. Sa position de fermeté vis-à-vis des FARC et son refus de négocier constituent le principal blocage pour la libération d'Ingrid Betancourt.

Suite au coup de fil de Nicolas Sarkozy, alors que le président français avait clairement indiqué qu'il était formellement opposé à une libération par la force, le président colombien, Alvaro Uribe, a fait un discours très agressif vendredi à l'égard des FARC.
"Messieurs les généraux, nous allons sauver Ingrid Betancourt, c'est un ordre ! Il n'est pas question de faire joujou avec ces bandits des FARC. Leurs camps de concentration sont pires que les camps de concentration nazie" a-t-il déclaré vendredi.

Aussitôt, Paris a réaffirmé son opposition à une intervention armée qui pourrait constituer un risque pour la vie des otages. Le président colombien souffle le chaud et le froid, changeant de position régulièrement. Il y a quelques jours, il avait annoncé qu'une négociation suivie d'une libération des otages contre 300 rebelles était envisageable. Vendredi, il a évoqué le recourt à la force. Aujourd'hui, dernier rebondissement, il a déclaré qu'il tiendrait compte des réserves françaises à propos de l'intervention armée. Pendant ce temps, Ingrid Betancourt est toujours séquestrée.

*** Sources
- Marie Delcas, "Otage des FARC, Ingrid Betancourt dort enchaînée", Le Monde, 19 mai 2007
- Babette Stern, "Ingrid Betancourt en danger", Le Journal du Dimanche, 20 mai 2007

*** Lien

Sur le web
> www.ingridbetancourt-idf.com

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