Zapping radio · 13 jan. 2007 à 16:37
La question du budget de l’Etat nous concerne tous et pourtant, avant le
député socialiste de l’Aisne, René Dosière,
aucun homme politique n’avait encore osé s’attaquer à
ce sujet. En 2001, Arnaud Montebourg, alors député de Saône
et Loire, avait déposé un amendement supprimant une partie des crédits
de l’Elysée. Selon lui, les fonds attribués à la présidence,
entre 1995 et 2002, auraient augmenté de 406% sans explication valable.
Les proches du Président s’étaient défendu en montrant
que la transparence était désormais de mise : ainsi les ministères
ne financeraient plus certains frais de l’Elysée comme auparavant.
La présidence règlerait elle-même les frais de téléphone
ou de poste ! Un amendement gouvernemental, voté par l’Assemblée
nationale en 2001, prévoit de distinguer les fonds spéciaux destinés
aux services secrets des autres dépenses. Telle était la situation
en 2001. Depuis, la situation n’a guère changé, si ce n’est
que le budget de l’Elysée n’a cessé d’augmenter.
René Dosière vient de publier aux éditions du Seuil une vaste
enquête sur le budget de l’Etat intitulé L’Argent caché
de l’Elysée
.
Jeudi 11 janvier, René Dosière était invité sur France Info pour évoquer son livre qui fait le bilan du budget de l’Elysée entre 1995 et 2006. Il constate que les dépenses de l’Etat ont été multipliées par 9 ! Elles étaient de 3 millions d’euros en 1995, elles sont aujourd’hui de 32 millions. Néanmoins, il faut soustraire 5 millions d’euros qui font partie des fonds spéciaux apparents, depuis 2002, dans le budget. Celui-ci a donc augmenté de 798%.
Selon René Dosière, il y aurait trois raisons à cela : d’abord, les dépenses ont tout simplement fortement augmenté, ensuite on a réintégré des dépenses qui étaient prises en charge par des ministères ou organismes extérieurs même s’ils financent encore les deux tiers des dépenses de l’Etat. Enfin, il y aurait toute une partie du budget qu’on ne peut pas justifier. René Dosière a donc interrogé le Premier ministre pour comprendre d’où venaient ces dépenses.
A l’époque de François Mitterrand il existait bien sûr des fonds secrets ainsi que des crédits non publiés au Journal Officiel. Mais selon le député, ce serait Chirac qui aurait commencé à augmenter son budget, en cours d’année, par des décrets non publiés. C’est à partir de ce constat qu’il a pris la décision d’enquêter sur les dépenses de l’Elysée car « avant, on ne faisait pas ça ».
Ce qui est étrange, c’est que le Président Chirac perçoit un revenu brut de 6594 euros par mois, tandis que le Premier ministre en perçoit le triple. Or, c’est le Président lui-même qui fixe le montant de son budget et non la loi. Pour René Dosière, « nous sommes en pleine monarchie absolue. Il faut que nous arrivions à une présidence citoyenne ». Il demande donc plus de contrôle et de transparence des dépenses afin d’obtenir un budget plus rationnel.